Un canal… des canaux

Publié le par Master PCEP

Une grande artère de transit industriel et commercial

La création d'une grande artère fluviale au début du XIXème siècle, constituée du canal de l'Ourcq, des bassins de la Villette et du canal Saint Martin,  a pour vocation première (avec l'alimentation en eau potable) l'acheminement des produits et matières premières en provenance du nord-est. Bois, plâtres, céréales, charbon « affluaient vers la capitale qui était le centre d’approvisionnement de la France entière et de l’étranger »[1]. Dès la seconde moitié du XIXème siècle, l'essor industriel de Paris et sa banlieue obligent à l'organisation d'un système productif à grande échelle. Canal de l’Ourcq et bassin de La Villette sont élargis et approfondis, écluses, entrepôts, magasins, usines de manufactures sont implantés tout au long de l’axe fluvial, lui conférant un statut d’acteur majeur dans l’activité économique de la capitale jusqu’au début du XIXème siècle.

Désindustrialisation progressive et diversification des activités.

Dès les années 1920, la désindustrialisation progressive de la région réduit le fret de marchandises à « l'acheminement des matériaux de construction destinés au secteur du bâtiment et des travaux publics de la région parisienne. »[2] Aujourd’hui, ces matériaux représentent 90% des marchandises transitées, et « le trafic continue à suivre, comme par le passé, la fluctuation du secteur du bâtiment et des travaux publics en Région Ile-De-France »[3].

Les baisses d’activités industrielles et commerciales amènent le canal à diversifier ses fonctions, et l’axe fluvial jusqu’alors unitaire devient pluriel.

« Sur le canal Saint-Martin, la navigation de fret reste présente, mais limitée à quelques usages exceptionnels »[4] (grands chantiers). La navigation touristique, autorisée en 1976, prend toute son ampleur en 1983 avec la création du Port de plaisance de Paris Arsenal. Dans les années 1990, les canaux accueillent 80 000 passagers par an. « On peut s'attendre à d'autres développements avec en particulier l'émergence d'une demande de croisières nocturnes. »

(http://www.paris.fr/portail/deplacements/Portal.lut?page_id=8619&document_type_id=5&document_id=4888&portlet_id=20374).

Dès les années 1970, le secteur de la Villette se reconvertit quant à lui en un pôle consacré à la culture scientifique et industrielle, autour du parc de La Villette.
« En 1988, afin de fédérer les différentes opérations chargées d’incarner la transformation de ce bassin industriel en un site dévolu à l’habitat et au loisir, la ZAC du bassin de La Villette a été créée. »

(http://www.paris.fr/portail/Urbanisme/Portal.lut?page_id=6894&document_type_id=4&document_id=15788&portlet_id=15715&multileveldocument_sheet_id=9641 )

Enfin, le canal de l’Ourcq sur Pantin et Bobigny cherche, à l’image du secteur de la Villette, à  relancer une dynamique économique mixte. Les projets de la ZAC Ecocité-Canal de l'Ourcq et la ZAC du Port de Pantin démontrent la volonté d’attirer les secteurs immobiliers et commerciaux, mais aussi et surtout les secteurs tertiaires (la reconversion des Grands Moulins de Pantin en un hôtel d'activités en étant le symbole fort). A Pantin, un port urbain est programmé, destiné autant à l'activité de fret industriel (encombrants et déchets), qu'à la fonction d’immobilier d'entreprise.

http://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=656

http://www.slideshare.net/C.MARCUS/pollutec-seine-saint-denis-2008-presentation

Ce qui était un axe fluvial unitaire de transport de marchandises a développé une pluralité d'activités économiques. Si le canal St Martin s’est spécialisé dans le tourisme fluvial, le canal de l'Ourcq et le bassin de la Villette engagent des dynamiques économiques mixtes articulées au sein de grands projets.

 

Emmanuelle Jolivet, Zoé Déhays



[1] Béatrice De Andia et Simon Texier, Les canaux de Paris, Direction à l’Action Artistique de la Ville de Paris, Paris, 1994, p.126

[2] Marie Babey, Je me souviens du Canal Saint-Martin, éd. Parigramme, Paris, 1996, p.37.

[3] Béatrice De Andia et Simon Texier, op.cit., p195.

[4] Idem.

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