La sociologie et les loisirs du canal

Publié le par Master PCEP

Outre ses fonctions utilitaires, le Canal a toujours eu un rôle dans les loisirs et la sociabilité des habitants du voisinage. Quelles activités se déroulent autour du canal ? Existe-t-il des différences de fréquentation selon les zones ? Qui sont les riverains ?

Quelles sont les activités pratiquées sur et le long du canal ?

 

L’aménagement des anciens chemins de halage permet la pratique de la marche, du roller et du vélo. A Bobigny, de nombreuses activités sont proposées toute l'année le long du canal de l'Ourcq, notamment l'été : par exemple les bals flottants, des activités nautiques comme les balades en Zodiac, des compétitions sportives comme L’Ourcq’Athlon. Le Parc Départemental de la Bergère offre de nombreuses activités et services : expositions et animations, aires de jeux pour enfants, etc. C’est aussi un lieu d’événements qui accueille la fête annuelle de la ville de Bobigny, la Biennale de l’Environnement, ainsi que la manifestation Bobigny-sur-Ourcq qui offre au cours de l’été une multitude d’activités gratuites, reliée depuis 2007 au Bassin de la Villette par une navette fluviale dans le cadre de Paris Plage. Les berges du Canal de l'Ourcq sont également un haut lieu du graffiti en région parisienne. Les rives du canal y sont surtout fréquentées en journée par des passants, promeneurs ou sportifs.

La mairie de Pantin quant à elle, publie un journal nommé Canal. Dans le numéro d’octobre 2009, un article[1] intitulé « De nouveaux habitants le long du canal » dit la joie des nouveaux habitants d’avoir pu acheter à un prix raisonnable dans une résidence construite à l’emplacement d'anciens entrepôts, et ce grâce à l’action « les rives du canal », une négociation entre la ville et le promoteur immobilier. Les berges traversant le centre de la ville, où se situe le théâtre au Fil de l'Eau, y sont agréables et fréquentées la journée par des promeneurs, familles, riverains, ou des travailleurs qui viennent y faire leur pause déjeuner...

A Paris, le bassin de la Villette connaît depuis quelques années un véritable renouveau : les quais sont devenus des lieux de promenade, les péniches des lieux de rencontres culturelles, et les entrepôts des cinémas. Le lieu est également prisé par les touristes pour l’activité de croisière. En outre, le canal est un lieu idéal pour s’arrêter dans les nombreux bars, se promener le long de la voie d’eau et profiter des pistes cyclables. L’association « Autour du canal » organise des expositions. Le canal offre donc un cadre à des pratiques très diverses.

Le Canal Saint Martin est très prisé pour les visites touristiques et les loisirs. Il joue un rôle nouveau d’espace festif dont les expressions sont multiformes. Le public du canal St Martín est divers : flâneurs, promeneurs, riders ou cyclistes... La fréquentation bat son plein surtout lorsque des manifestations s’y déroulent. Le théâtre de rue et la musique y ont une place très importante. Les peintres amateurs y sont aussi présents, ainsi que les pêcheurs. Ils participent  tous de l’ambiance du canal. Le pique-nique y est très en vogue. Les « branchés de la nuit » y fréquentent certains cafés et lieux culturels tel le Point Ephémère. Enfin, tous les vendredis soirs, la randonnée rollers offre un spectacle aux occupants des quais. 

On le voit, ces pratiques, collectives ou individuelles, privées ou publiques, ont en commun de bousculer à un moment donné les règles ordinaires d’occupation de l’espace public. Les usagers se réapproprient le canal et confèrent à ce lieu une ambiance festive.[2]

On peut très nettement remarquer un contraste entre les usagers du canal de l’Ourcq et ceux du canal Saint-Martin. Ainsi, le canal est partie prenante de la vie sociale des habitants de ces communes. Mais tous les riverains ne fréquentent pas le canal, et nombre de gens d’autres arrondissements ou communes s’y retrouvent.

Qui sont les riverains du canal selon les zones ?

 

Il est difficile de connaître la composition sociologique des riverains directs du canal. Pourtant il est évident que ces derniers côtoient ces zones de berges, et jouent un rôle dans les différentes « ambiances » et usages que l'on peut rencontrer le long du canal.

On peut noter néanmoins que le canal traverse des quartiers et villes divers, et que la composition sociologique des habitants l'est aussi. La ville de Bobigny[3] possède une population jeune aux revenus modestes, avec une majorité d'ouvriers et d'employés, et un prédominance de l'habitat HLM et d'immeubles collectifs.

De même que Bobigny, Pantin est une banlieue populaire, majoritairement peuplée d’ouvriers et d’employés[4]. Une des plus grandes communes de la Seine St Denis, elle présente une population plus vieille et plus mélangée que Bobigny en termes de catégories socioprofessionnelles, mais reste quand même assez proche, dans la moyenne du département[5].

Le 19ème arrondissement[6] est un des arrondissements les plus peuplés de la capitale, présentant une population jeune, des foyers à bas revenus, un fort taux de chômage et un parc de logement social très important[7]. Néanmoins, la rénovation du quartier de la Villette a petit à petit attiré des catégories socioprofessionnelles plus élevées.

Enfin, même si le 10ème arrondissement reste un quartier populaire et abritant une population aux revenus modestes, il comporte peu de logements sociaux et a connu un phénomène de gentrification[8]. Il a longtemps été perçu comme un lieu ouvrier et peu attractif. Dans les années 80, une mutation socio-économique s’est opérée et le canal est devenu un lieu très prisé des parisiens et des touristes, que ce soit pour y habiter comme pour s’y promener. On note d’ailleurs une hausse de la population depuis cette époque. Pour l'INSEE, cette augmentation s'explique à la fois par l'augmentation de la taille moyenne des ménages (2,15 personnes par foyer) et celle de l'offre de logements dans l'arrondissement. La part la plus élevée de la population est celle des 20-39 ans. En quelques années les alentours du canal se sont très vite embourgeoisés, avec l’arrivée d’une population plus riche et d’une nouvelle génération d’artistes transformant les anciens lofts d’artisans en résidence de luxe.

Lise Bénard, Clémentine Cassard, Gaëlle Hermant

 

 

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